En souvenir d’un temps qui nous reste à inventer

En souvenir d’un temps qui nous reste à inventer est une recherche située, un lieu, une histoire, l’histoire d’un lieu sur un territoire, une rencontre avec des habitants, du vivant, des activités, des déplacements temporels, des projections... un assemblage de tout cela cherchant à explorer et à appréhender les mondes à venir. Proche de ses recherches au Quebec financés par le CNAP en 2014 sur l’usage des grelots, son objet médiateur de récit réels et fictionnels cette fois, est la forêt. En souvenir d’un temps qui nous reste à inventer re-compose des situations à partir d’une enquête, c’est-à-dire à l’aide d’indices multiples qui ouvrent, un ailleurs, c’est à dire la possibilité de l’invention d’autres récits, pour mieux comprendre comment re-composer nos manières d’agir. À partir de la forêt du plateau de Millevaches et de la rencontre avec ses habitants, Ann Guillaume travaille les figures de l’utopique et du dystopique dans l’idée de former, à partir des voix de la forêt elle-même et des voix qui se font entendre à son sujet, une scène de la controverse entre les modernes et les autres. Parce que le présent crée les conditions de fabrication du futur, le jeu au cœur de l’œuvre d’Ann Guillaume est d’inventer des formes capables d’ouvrir la possibilité d’une réflexion à rebours. Le projet de recherche et de restitution artistique En souvenir d’un temps qui nous reste à inventer, ébauche une méthodologie subjective (débat prospectif, séminaire marchant, invention de scénarios de science-fiction), et d’immersion, empruntant aux sciences humaines certains attributs (l’enquête de terrain, une distance axiologique…) afin d’élaborer un assemblage débouchant sur un pluralisme des visions du futur émancipées de l’inéluctable enchainement normal des choses. Restituer des figures de cette expérience procédera par la présentation sur la ferme de Lachaud d’une installation sonore, d’objets éditoriaux, d’images volées, un travail d’archivage en temps réel par un site web partageable avec les publics (Never Ending Object)… chacune de ces choses se présentant comme autant de manière d’éprouver le temps présent devenu un passé proche ou lointain scruté depuis un futur spéculatif. Enfin, il s’agira de montrer « l’expérience directe et consciente de relations, en inventant des systèmes ouverts créant des interactions sans cesse en mouvement. » (Hans Haacke). La Pommerie / Le CNAP / MARS 2018