La Vénus de Brassempouy revisitée


Rencontre le 6 janvier 2012 avec Michel Andrieu qui a répliqué la Dame à la Capuche découverte par Edouard Piette vers 1881 dans les Landes. (L'originale est conservée au Musée d'archéologie Nationale de Saint Germain en Laye, dans la salle Piette)

Raisons - outils - besoins

Interview :

A.G : Pour quelles raisons faites-vous des répliques, des copies de la dame de Brassempouy ?

On est allé voir le musée de Brassempouy dans les Landes dernièrement, un tout petit village où il doit y avoir 38 habitants l'été et 25 l'hiver. Nous habitons dans le coin, nous sommes donc tout simplement fiers de ce site, on a ressenti un attachement particulier à la dame à la capuche.

J'ai pris un bois de chevreuil et j’ai essayé de faire une tête à la manière de la Vénus de Brassempouy avec une lame de scie à métaux qui était cassée, j'ai essayé de gratter la matière pour en faire un visage. Le bois de chevreuil est un matériau très dur, mais j'imagine que l'originale est faite en ivoire de mammouth. C'est dans le bout de la corne, en la retournant, que je me suis dit que j'allais faire la Vénus. Je crois que c'est la couleur et la taille de la corne qui m'ont donné l'idée.
J'ai pris alors des outils actuels, que j'avais dans mon atelier et j'ai commencé à tailler. Elle n'est pas toute à fait fidèle, mais elle est jolie. Elle est plus claire que l'originale. J'ai un peu adapté la coiffure avec la forme de la corne, il faut être patient. J'en ai refaite une mais celle-ci je l'ai jetée. Je pense que l'attendu est souvent meilleur que le résultat. Cela n'a aucune autre valeur que celle qu'on veut bien lui attribuer, on y passe du temps et puis on copie les croisillons et on se rend compte de la finesse de l'originale. Les proportions sont respectées, mais faire un arrondi sur un morceau gros comme le doigt, la coiffure, j'ai pris une vieille lame de scie, j'ai fait quelques empreintes pas aussi régulières mais aussi serrées. Au niveau des proportions du visage, la mienne est plus ronde, mais les arcades sourcilières et les yeux bien faits. Il faut vraiment être patient. Le bois de chevreuil que j'ai sculpté, je l'ai ramassé dans la forêt, on peut aussi trouver du bois de cerf, mais c'est plus gros, plus dur. Je pense qu'avec des outils en pierre comme à l'époque j'aurais gagné du temps. Ou alors j'aurai du essayer un autre outil peut être, comme des petites meules à carotte. Je crois que ce sont les horlogers qui s'en servent. Au Musée de la Préhistoire Aux Ezies, nous avons vu des archéologues refaire les gestes, tailler le silex. On les a vus s'appliquer, choisir les bons morceaux, la technique avait l'air précise. Quand on pense à l'époque préhistorique, on sait que dans les Landes il y avait des rennes. Il y a un passage dans les bois où les archéologues ont retrouvé des squelettes de rennes.

Je l'ai faite d'après modèle. On a acheté une réplique dans le musée, en plâtre je pense. C'est un réel plaisir de la voir, même une fausse sculpture peut rendre heureux.
Elle est si schématique ? Voilà pourquoi je suis peut être allé vers elle si naturellement. De chaque côté il y a un mystère, c'est à la fois simple et pourtant si compliqué. J'ai toujours aimé bricoler, mais je crois que ça va être une production réduite, mais je ne dis pas que je ne réessayerai pas. Je me demande si la Vénus, l'originale, était la première, l'unique? Peut-être que c'était le 50000 e essai ? Peut-être n'était- il pas content de celle- là, voilà pourquoi ils l'auraient jetée? Avait-elle un corps ?



CatégoriePropriétéValeur
ObjetAuteurAnn Guillaume
ObjetTypeExpérimentation