Tentative de dé-finition de l'objet dé-fini


I - L'objet dé-fini est relié, non isolé, il existe dans des réseaux de choses et de sens qui le dé-finissent, c-a-d. ouvrent sans cesse ses limites fluctuantes sur son contexte, son environnement. Il est une cristallisation temporaire d'une situation, une durée perçue liée à une forme globalement indéfinie, mais concevable, partiellement observable.

Il oscille entre les concepts, les images, les mots, les matériaux, les dispositifs, les systèmes complexes. Il est une vibration entre les éléments qui le composent, une instabilité dans une temporalité donnée. La dé-finition de l'objet dé-fini est une recherche de la porosité de ses frontières, l'observation de l'inexistence de sa stricte indépendance, son immersion radicale dans la transformation par opposition à l'illusion d'une conservation stabilisatrice de sa forme et de ses significations.


II - Quelle est l'origine de l'objet dé-fini?


L'objet dé-fini circule dans le temps. Il renferme une multitude infinie de vies. Il augmente ses possibles à chaque nouveau pic de vie en se ré-appropriant le passé. Reprendre possession du temps. Ce n'est pas le temps qui influence l'objet dé-fini mais l'objet qui lui permet sa concrétude. L'objet dé-fini est témoin, il est comme une règle, il mesure mais aussi donne une réalité à l'objet mesuré. Comment interpréter l'objet dé-fini? Dans sa course folle on peut le prendre en flagrant délit de fuite. Il ricoche sur le réel quand il rencontre un autre objet dé-fini. De leur réunion nait une image.


III - Un objet sans fin ?


L'objet dé-fini n'est pas exactement un objet sans fin, il a toujours une fin et sa fin est toujours en re-dé-finition. La fin de l'objet est sa limite, son contour, l'objet fini est cerné là où l'objet dé-fini est à discerner. La fin de l'objet dé-fini est une combinaison du perceptible et du perçu, de l'objectif et du subjectif, cette fin est une multitude en mouvement, entrelacs de points de vue sur des entrelacs de choses aux contours variables et dispersés.


IV - Re-dé-finition de l'objet dé-fini


L'objet dé-fini recycle, s'approprie, et reconstitue. Il fait le pari que les grands bouleversements esthétiques naissent d'une remise en circulation des formes. Il pratique le re-enactment (action de reconstituer les événements de l’histoire). L'objet dé-fini rend de nouveau présent un geste, une histoire, un objet fossilisé. Il permet la résurrection de toutes choses. Le re-enactment répond du néologisme d'uchronie. L'uchronie désigne un non-temps, une remise en perspective du temps s'inscrivant dans une symbolique artistique.

L'objet dé-fini est ainsi, chaque fois qu'il se rend perceptible, une actualisation de lui-même. Il existe dans une temporalité où convergent les passés et les futurs partiellement indéterminés. Une image par exemple y est simultanément la trace documentaire d'actions réalisées et le projet d'actualisation de ces actions.

L'actualisation elle-même est une trans-formation, une re-formation de l'objet à travers et dans le temps, à la recherche d'un identique inséparable des variations de son contexte.